Gros Corps Malade

Mardi, à 7 ans 1/2 post-op, je fais mon bilan avec un gros check up d’analyses médicales et surtout, un entretien avec le Professeur (nutritionniste) qui dirige l’E3M.

Cette fois, je le sens démuni. J’ai pris 3 kilos de plus que la dernière fois (janvier dernier, il y a 9 mois), et il a une tête qui dit « Je jette l’éponge ». Dans sa recherche, je viens définitivement de « passer dans les échecs de sleeve à 6 ans », c’est du moins ce que je me dis… Ce n’est aucunement une surprise, mais là, ce n’est pas moi qui me le dis, c’est le Professeur. J’ai pleuré une heure en sortant. En revoyant cet hôpital où j’avais mis tant d’espoirs. Avais-je réellement envisagé cet échec-là, il y a 8 ou 9 ans ? Probablement pas. Des gens de 130, 150, voire 200 kilos s’en tiraient avec cette méthode, alors pour moi, ça allait fonctionner, forcément. Je me suis posée sur un banc, dans l’enceinte de l’hôpital, et j’ai fondu en larmes. Après tout, les gens vous fichent la paix quand vous pleurez dans un hôpital. Il m’a dit qu’une diététicienne m’appellerait pour un rendez-vous conseil, et il m’a demandé quand je désirais le revoir. C’est la première fois qu’il ne me dit pas « On se revoit dans 9 mois ». J’ai répondu « Dans 9 mois… si vous voulez bien. »

J’ai la chance d’avoir un mari en diamant brut. Je l’ai appelé, j’ai beaucoup pleuré au téléphone, et il m’a laissé sur un réconfortant : « Tu connaîtras peut-être une nouveauté médicale qui te sauvera la mise sur l’obésité. » Je sais maintenant que ça n’était pas la sleeve. Je vais continuer à marcher, pour rendre hommage à ce gros corps malade qui fonctionne somme toute encore très bien.

2 réflexions sur “Gros Corps Malade

  1. Bonjour,
    Je te suis depuis dès années : j’ai connu ton triomphe et à présent ton désespoir et cela me peine énormément… Penses-tu vraiment qu’il baisse les bras ? Il n’a rien proposé ? Même pas un by-pass ? Il se rend compte des efforts que tu fais au moins ? Je ne vois pas trop ce que la diététicienne va t’apporter car tu en sais autant qu’elle. Tu as un problème de grignotage compulsif, un métabolisme paresseux . Il faut en tirer les conséquences et essayer de résoudre le problème. a mon sens, tout n’a pas été essayé. Eventuellement, va voir un autre spécialiste . Bon courage et je suis de tout coeur avec toi . Bises

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  2. Ta sollicitude me touche, Brigitte. Mais je te rassure, si le mot désespoir est le bon, ce fut un désespoir passager, de celui qui tire des larmes et qui fait sortir une véritable émotion, émotion qui du coup, ne dégénérera pas en je ne sais quelle douleur chronique, psychique ou physique. Le désespoir fait ensuite place à une certaine résignation, sentiment plus doux. A quoi je me résigne ? A être patiente. Le professeur m’a dit plusieurs choses que je n’ai pas mises dans mon message, et qui ont bien sûr leur importance. Qu’après tout, si j’allais bien côté psy, c’était l’essentiel. Mais je suis objectivement déchirée entre soigner mes troubles de l’humeur (je suis actuellement sous Quétiapine qui fonctionne très bien, entre autres parce qu’il m’aide à très bien dormir la nuit, mais qui fait grossir, comme tous les psychotropes de la Terre). Il ne m’a jamais jugée. Il m’a ensuite dit « Que puis-je vous proposer pour l’instant ? Souhaitez-vous voir une diététicienne ? » Et j’ai répondu que oui. Je pense sincèrement qu’à ce stade, elle peut m’aider. Si d’un côté je tiens la marche d’une heure 5 fois par semaine, et de l’autre elle m’indique des trucs et astuces pour limiter la casse en matière de grignotage… C’est peut-être la variable qui fera la différence. Je sais bien qu’une autre étape plus radicale serait d’envisager un bypass sur la sleeve. Mais mon mari comme moi pensons que ce n’est pas à l’ordre du jour. Mon mari espère que ce ne sera jamais à l’ordre du jour, lol. Il a eu trop peur au moment de la sleeve. Perso, je lui ai dit la chose suivante : si je grimpais à 120 ou 130 kilos, je demanderais un bypass. Il faut comprendre autre chose sur mon nutritionniste, que j’apprécie beaucoup. Ce n’est jamais lui qui nous encourage à la chirurgie de l’obésité. Il pense que si chirurgie il y a, le malade seul connaît ses limites et tranche. S’il tranche, Oppert accompagne. Mais je n’ai pas affaire à un genre que je déteste : le chirurgien du privé qui opère et réopère à tours de bras car il est payé à la chirurgie. Oppert est une chef de service qui n’est pas payé à l’acte chirurgical. Il a une approche globale de l’obésité et de ses variables multi-factoriels. Par exemple, ce midi, je vais trouver la volonté (pour mon corps comme pour mon esprit) d’aller marcher une heure, nonobstant le fait que ce soir, je vais manger au restau avec Monsieur. Ce que je veux dire par là, c’est que si l’obésité est une maladie chronique et un déréglage métabolique, elle n’a pas pour moi pour l’instant de caractère grave et urgent.
    Bisous Brigitte, et dis-moi comment ça va chez toi.

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